Congrès 2017 de la Société Française de Psychologie : plusieurs interventions sur Pierre Janet !
Article mis en ligne le 27 juin 2017

par Isabelle Saillot
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Cette année nous avons organisé deux symposiums qui donneront l’occasion d’aborder l’actualité des travaux de Janet : un symposium d’épistémologie de la psychologie et un symposium d’histoire de la psychologie. En voici les résumés.

Symposium Épistémologie de la psychologie

Autour des liens entre connaissances et émotions, le thème du congrès 2017 de la SFP à Nice renvoie au cœur de la quête du savoir psychologique. Depuis l’avènement de la psychologie expérimentale, au tournant du 19ème siècle, psychologie normale et psychologie pathologique questionnent, chacun de leur propre perspective, les rapport des connaissances et des émotions à la volonté, par exemple dans leurs manifestations comportementales : de ce point de vue, le thème des dédoublements de personnalité viendra rapidement s’adjoindre aux débats (Lecocq, 2004).

Car la psychologie dynamique, incarnée autour des années 1900 par le médecin-philosophe Pierre Janet, réfute à la fois l’associationnisme de Locke et l’innéisme de Descartes : pour Janet et les auteurs du même mouvement, les connaissances ne sont pas formées par l’exercice des sens, et nos idées ou nos émotions ne sont pas plus innées, c’est-à-dire inscrites en chaque homme dès sa naissance (Prévost, 1973). Il se dessine alors une nouvelle conception épistémologique des phénomènes psychologiques : l’action pourrait jouer un rôle plus central que ne l’avaient pensé les philosophes (I. Saillot, 2017). Ainsi, tandis que P. Janet réfute la théorie de W. James en élevant les émotions au rang de régulations de l’action, J. Dewey critique les bases d’une séparation artificielle entre l’émotion et l’acte. De ce foisonnement d’idées novatrices jailliront des résultats en pleine redécouverte aujourd’hui sans affecter sensiblement, pour autant, les fondements épistémologiques de la démarche expérimentale (J.F. Richard, 1990).

Ce Symposium d’épistémologie de la psychologie proposera, à travers des interventions aux perspectives croisées, un nouvel éclairage sur des concepts psychologiques tout aussi chargés d’histoire que d’actualité, au sein même des plus actuelles recherches expérimentales.

Références bibliographiques

Lecocq G., Pociello C. (2004). « Maladies de la volonté et "voyageurs infatigables » ; ou comment Philippe Tissié s’intéresse à l’articulation du "psychologique" et du "physique (1885-1887), In C. Pociello (Ed), Entre le social et le vital. L’éducation physique et sportive sous tensions (XVIIIè - XXè siècle) (pp. 113-123). Grenoble : Presses Universitaires de Grenoble.
Prévost, C. (1973) La psycho-philosophie de Pierre Janet. Paris : Payot.
Richard, J.-F. (1990). Les activités mentales, Comprendre, raisonner, trouver des solutions. Paris : Armand Colin.
Saillot I. (2017). Mémoire et émotion chez Syssau et Monnier (2012) : quelques remarques à la lumière de modèles historiques. Psychologie Française 62(1), p. 93-106.


Symposium Histoire de la psychologie

D’abord soucieuse de classer les facultés de l’âme (S. Nicolas, 2005), la psychologie moderne s’engage au début du 20ème siècle dans la description et l’étude des grandes fonctions de l’être humain. Un nouveau vocable s’installe, d’origine fonctionnaliste, qui s’inspire de la psycho-biologie évolutionniste lamarkienne popularisée par Herbert Spencer. Le rapport des connaissances aux émotions est alors au centre des recherches en psychologie comme en psychopathologie, aussi bien en France qu’aux États-Unis : le modèle psychopathologique de Pierre Janet, en particulier, correspond à un « primat de l’action » tout à fait novateur à l’époque (Saillot, 2015), dont il avait trouvé des éléments d’inspiration chez Ribot et Fouillée (les idées-force, l’idéomotricité), dont il reprendra la chaire à l’Académie des Sciences Morales et Politiques. La « prise de conscience » de l’émotion, comme l’appelle Claparède, est pour Janet une « conscienciation » de l’acte : pour ces auteurs, connaissance et émotion sont étroitement liées.

Mais dans les années 1950, l’approche fonctionnaliste cède la place à la notion de « capacité cognitive » (F. Parot, 2008). À ce moment de l’histoire, les rapports complexes entre connaissances et émotions sont réinterprétés en termes de cognitions ou de volitions, dans un cadre systémiste où le traitement de l’information est le modèle général.

Ces évolutions temporelles éclairent chacune à sa manière les grandes questions fondamentales de psychologie : nous nous proposons, au sein du Symposium d’histoire de la psychologie, de mettre en perspective la spécificité des approches du lien connaissances et émotions autour des années 1900, et l’apport de ces contributions aux démarches expérimentales et cliniques les plus contemporaines. La motricité humaine sera ainsi convoquée pour identifier de quelles façons une conjugaison harmonieuse peut s’établir entre des connaissances et des émotions incarnées (Lecocq, 2012).

Références bibliographiques

Lecocq, G., (2012). La psychodynamie de P. Tissié : Un espace de rencontre entre une psychologie scientifique et une psychologie politique. In J. St Martin (Ed.), L’œuvre du Dr Philippe Tissié : une croisade sociale en faveur de l’éducation physique : (1888-1914)(p.145-163). Bordeaux : Presses Universitaires de Bordeaux.
Nicolas, S. (2005). Les facultés de l’âme : une histoire des systèmes. Paris : l’Harmattan.
Parot, F. (2008). Les Fonctions en psychologie, Wavre : Mardaga.
Saillot I. (2015). Psychopathologie implicite de l’anonymat sur Internet. Les Cahiers Internationaux de Psychologie Sociale 2015/2 (Numéro 106), p. 193-207.


Programme du Congrès (sous peu)
https://sfp2017.sciencesconf.org/resource/page/id/12

Inscription au Congrès, et paiement
http://sfpsy.org/congres/2017/paiement-congres.php



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