I. Saillot : bibliographie sur P. Janet 2013-2018 (articles / sélection)
Article mis en ligne le 11 janvier 2018
dernière modification le 18 octobre 2018

par Isabelle Saillot
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Saillot I. (2018). PTSD post-diagnostic du cancer : « déni » ou amnésie dissociative ? European Journal of Trauma and Dissociation. Sous presse.


Résumé

  • Après l’annonce du diagnostic d’un cancer, certains patients semblent s’enfoncer dans le « déni » de leur état. Considéré comme une stratégie de coping, le « déni » est évalué à l’aide d’échelles dont l’une des plus utilisées est la MAC scale ; toutefois les résultats ne font pas consensus : pour certains auteurs, le « déni » est une dimension favorable dans l’évolution de la maladie (Kang et al., 2008), pour d’autres il est défavorable (Ho et al., 2003). Une importante avancée a été de reconnaître l’annonce du diagnostic comme un trauma (DSM-IV, 1994), et d’associer cette expérience à un PTSD. Dans ce cadre, quelques auteurs ont judicieusement suggéré qu’une dissociation traumatique pourrait s’installer. Mais cette approche hérite des difficultés internes au domaine du psychotraumatisme : qu’est-ce qu’une dissociation ? Quels en sont les symptômes ? Quelle place y tient le « déni » ? Nous effectuons ici une relecture de quelques travaux novateurs de psycho-oncologie à la lumière des concepts élaborés par les fondateurs historiques. Pierre Janet en particulier, initiateur de la notion moderne de dissociation, avait déjà répondu à bien des questions que la recherche pose encore aujourd’hui, faute d’avoir relu ces travaux pionniers. Des auteurs comme Van der Hart et al. (2004, 2006) élaborent une clarification du concept de dissociation traumatique autour de la notion de dissociation structurelle de la personnalité (DSP), en mettant en lumière les symptômes positifs et somatoformes de ce trouble : ce cadre théorique permet de proposer ici un rapprochement inédit entre le « déni » du cancer et l’amnésie dissociative traumatique.

Abstract

  • After the announcement of the diagnosis of cancer, some patients seem to be in “denial” of their health condition. As a coping strategy, “denial” is measured by different scales, the best known being the MAC scale. But the results are still discussed. For some authors, “denial” is a positive health factor (Kang et al., 2008), for some others it is negative (Ho et al., 2003). The DSM-IV acknowledges the diagnosis of a cancer as a possible trauma. From this point of view, some authors suggested that this diagnosis could lead to a traumatic dissociation. But the concept of dissociation remains hard to define. What are the symptoms, what possible links could be made with a “denial” ? In the light of historical concepts, especially those of Pierre Janet’s dissociation theory, some recent works in the field of psycho-oncology will be revisited here. The theory of the structural dissociation of the personality by Van der Hart et al. (2004, 2006), based on Janet’s princeps works, appears as a good model to clarify the links between dissociation and “denial” in this field.

Résumé en ligne sur Europ. J. of Trauma and Diss.



Saillot I. (2018). Des facultés de l’âme aux conduites de Janet. Revue Dogma en ligne. Édition Printemps-Été 2018.



Saillot I. (2017). Grand angle : psychiatrie artificielle et énergie, quelques remarques dans la perspective de la psychodynamique expérimentale. Revue Dogma en ligne. Édition Automne-Hiver 2017.



Saillot I. (2017). Le « déni » du cancer : un déni de l’institution ? Revue Dogma en ligne. Édition Printemps-Été 2017.



Saillot I. (2017). Grand angle : le concept de dissociation de Janet à aujourd’hui, dérive et écueil. European Journal of Trauma and Dissociation 1(4) : 205-209.


Résumé

  • Les études des anciens magnétiseurs avaient été réintégrées à la médecine par Charcot, dont la théorie de l’hystérie inspira les travaux de Pierre Janet. Celui-ci développe à la fin du 19e siècle la première modélisation rigoureuse du trouble dissociatif, d’origine traumatique (Janet, 1889). Janet précise l’étiologie, les symptômes, et quelques pistes de traitement dont la plus fameuse est ce qu’il appelle l’hypnose. Pour Janet, la notion centrale du trouble de dissociation est qu’il est inséparable d’une forme d’amnésie. Son modèle accède rapidement à une reconnaissance internationale ; il inspire bientôt des travaux qui recevront une large audience mondiale et forgeront le visage de la psychiatrie du 20e siècle, tels que ceux sur la schizophrénie (Bleuler, 1911), ceux de Freud et Breuer, ainsi que les travaux de Jung, qui connaissait Janet personnellement. Pourtant, graduellement à partir de ces premiers succès, le concept de dissociation change de nature en perdant les propriétés qui, pour Janet, constituaient sa définition-même, au premier rang desquelles l’amnésie. Transformée en altération de conscience sur un continuum d’états s’étageant du normal au pathologique, la conception contemporaine de la dissociation peut engendrer des confusions dans le diagnostic, et surtout dans le traitement des patients. Quelques cliniciens (Van der Hart et al., 2010) ont entrepris de clarifier le concept moderne de dissociation, grâce à une relecture des travaux de Janet : le modèle de la dissociation structurelle répond à ces enjeux.

Abstract

  • The studies of the ancient magnetisers had been reintegrated into medicine by Charcot, whose theory of hysteria was inspiring to Janet. At the end of the 19th century, Janet elaborates the first rigorous modelling of the dissociative trouble, with its traumatic origin (Janet, 1889). Janet indicates the aetiology, symptoms and some hints about the treatment, the most famous one being what he calls hypnosis. For Janet, the core notion of dissociative trouble is intimately twinned with a kind of amnesia. His model quickly earns international recognition. Soon it inspires new studies that are going to be prominent in the 20th century psychiatry, for instance the works on schizophrenia (Bleuler, 1911), those of Freud and Breuer, as well as the studies of Jung, who knew Janet personally. In spite of this promising beginning, the concept of dissociation gradually changed its original meaning. In particular, dissociation lost the properties that Janet regarded as central to its definition, amnesia being the main one. Within a few decades, dissociation changed into an alteration of consciousness on a continuum of normal–pathological states. This new conception of the dissociative
    trouble may cause some misleadings in the diagnostic and what is more in the patients’ treatment. Some clinicians (Van der Hart et al., 2010) are trying to give clarity
    back to the modern concept of dissociation, promoting the reading of Janet’s works : the modelling of structural dissociation aims at this goal.

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Saillot I. (2016). L’imitation comme passage des gestes au langage : un rapprochement Jousse – Janet. Revue Dogma en ligne. Édition hiver 2016.


Résumé

  • Les travaux de Janet ont été une source d’inspiration majeure dans l’œuvre de Marcel Jousse. Il avait assisté à ses cours du Collège de France, lu ses œuvres et les deux hommes se connaissaient personnellement et se fréquentaient probablement de façon régulière. Les deux auteurs se citent mutuellement, à de nombreuses reprises, dans leurs ouvrages ; Marcel Jousse est la seule personne à avoir réalisé un entretien avec Janet pour la presse, qui ait été publié (Lefèvre, 1928). Ces deux auteurs suscitent aujourd’hui un intérêt croissant. Il est donc particulièrement intéressant de les confronter sur le plan de la psychologie fondamentale et de l’anthropologie, des domaines où Pierre Janet en particulier est trop souvent absent des débats. L’étroite parenté des vues de Jousse et Janet s’observe aisément à la lecture comparée de plusieurs livres de Janet que nous mentionnerons dans la suite de ce texte, à titre d’exemple à celle de « Le mimisme humain et l’anthropologie du langage » (1936) de Marcel Jousse.

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Saillot I. (2015). Psychopathologie implicite de l’anonymat sur Internet. Les Cahiers Internationaux de Psychologie Sociale 2015/2 (Numéro 106), p. 193-207.


Résumé

  • Les recherches en psychologie sociale de l’anonymat sur Internet appartiennent à une riche tradition de pensée dont les premières pages se sont écrites peu avant 1900. Le modèle SIDE (Social Identity model of Deindividuation Effects) fait suite aux travaux de Festinger sur la « désindividuation », qui avaient été inspirés par la Psychologie des foules de Le Bon (1895). Celui-ci était admirait Ribot, qui allait bientôt former Janet. Ces origines se signalent encore dans les modèles actuels de psychologie sociale en tant que psychopathologie implicite. Un récent article (Guegan et Michinov, 2011) alimentera la réflexion ici menée, autour de la prise en compte de l’action, des sentiments de présence et d’anonymat, et du problème de l’inhibition.

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Saillot I. (2015). Mémoire et émotion chez Syssau et Monnier (2012) : quelques remarques à la lumière de modèles historiques. Psychologie Française 60(1), en ligne Doi 10.1016/j.psfr.2015.10.001


Résumé

  • Les recherches présentées par Syssau et Monnier (2012) s’inscrivent dans une longue tradition de travaux sur les liens entre mémoire et émotion, en psychologie normale et pathologique. La valence émotionnelle a été prise en compte dans le paradigme DRM pour documenter l’amnésie traumatique. Élaborée par Pierre Janet sous sa forme moderne, l’amnésie traumatique (dissociative) est explorée en Europe et outre-Atlantique dès la fin du xixe siècle. Ces anciens modèles, désignés de « dynamiques » car centrés sur la force du sujet, donnaient à l’activité un important rôle causal sur les émotions et la mémoire. Or, la prise en compte d’une variable dynamique (action) permet d’éclairer certaines difficultés des résultats expérimentaux récents, interprétés majoritairement à l’aide de facteurs sémantiques. Les modèles psychodynamiques, en particulier celui de Janet, conservent donc tout leur intérêt pour la recherche contemporaine.

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Saillot I. (2015). Grand angle : variabilité intra-individuelle chez Ninot & Costalat-Founeau (2011), un commentaire dans la perspective de la psychodynamique expérimentale. Psychologie Française 60(1), p. 69-81.


Résumé

  • La variabilité intra-individuelle par rapport au temps, souvent négligée dans les recherches contemporaines, a été centrale en psychologie dès les années 1900. Pierre Janet adopte souvent une perspective temporelle, pratiquant déjà l’étude longitudinale ; la biographie du sujet est au cœur de l’entretien clinique. Des recherches comme celles de Ninot et Costalat-Founeau (2011) s’inscrivent dans cette riche tradition. La confrontation épistémologique des travaux anciens et actuels permet d’éclairer des notions comme celles d’évolution temporelle ou « d’oscillation » qui jouent un rôle important en psychologie normale et pathologique. Un débat de près d’un siècle autour des troubles bipolaires témoigne de l’utilité de bien caractériser les périodicités de ces variations temporelles. Quelques imprécisions terminologiques compliquent parfois les discussions : les termes « temporel » et « dynamique » sont considérés synonymes, ce qui n’était pas le cas auparavant ; reconsidérer leur spécificité serait utile pour préciser certaines causalités. De ce point de vue, l’ancienne « psychologie dynamique expérimentale » du début du xxe siècle présente encore un certain intérêt pour la recherche expérimentale actuelle.

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Saillot I. (2014). Perspectives et actualités de Janet sur les possessions et les extases mystiques. Psychologie Française 59(4), p. 317-330.


Résumé

  • Pierre Janet s’est intéressé tout au long de sa carrière à la psychologie de la religion. Par ses analyses de deux cas principaux, Achille, un cas de possession « par le diable », et Madeleine, une mystique catholique, il montre les liens entre les phénomènes religieux et la « croyance ». Il s’appuie sur ces analyses pour traiter avec succès le cas d’Achille. Ce traitement a fait école, il fait figure de « nouvel exorcisme ». L’intégration des troubles dissociatifs en 1980, dans le DSM-III, est directement inspirée des travaux de Janet (0215, 0235 and 0070). Par la suite, des recherches internationales se sont appuyées sur ses analyses cliniques.

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Saillot I. (2013). Grand angle : le lien connaissances-activité chez Soubelet (2010), un commentaire dans la perspective de la psychodynamique expérimentale. Psychologie Française 58(1), pp. 53 – 66.


Résumé

  • Les résultats d’A. Soubelet (2010) semblent écarter le lien entre connaissances et activités. Ce lien fait l’objet d’une longue tradition de recherche : poursuivant les travaux de Pierre Janet, Piaget y consacre sa carrière. Les critiques qu’a subies Piaget rejoignent les conclusions d’A. Soubelet. Mais si la notion de « connaissances » est bien cernée, celle « d’activité » reste imprécise. Janet et Piaget ne la partagent pas : pour Janet, la perception est déjà une action. Les résultats d’A. Soubelet ou les critiques de Piaget n’invalident donc pas le modèle de Janet, qui bénéficie d’importants soutiens empiriques récents. Examiner le lien connaissances–activités nécessite une définition précise de la notion d’action : la psychodynamique expérimentale conserve donc tout son intérêt.

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